Depuis 2020, Ionity pratiquait une tarification à la minute sur ses bornes de recharges pour voitures électriques. Cette situation était exclusive à la France, qui avait autrefois connu la facturation au kWh. Ce retour au paiement de l’énergie elle-même se veut en théorie plus avantageux, et en pratique plus flexible.
Le tout premier choix de facturation d’Ionity était un simple forfait recharge. Le consortium, créé par plusieurs constructeurs, était arrivé en France en 2018. À l’époque, la firme avait décidé de faire payer huit euros pour une recharge, pour inciter les clients à utiliser ses bornes. Mais ce prix au format de forfait, qui était clairement une offre d’appel, n’a pas tenu dans le temps. Début 2020, Ionity avait décidé de lancer une tarification faisant payer l’énergie consommée. La recharge coûtait alors 0,79 euro au kWh, sauf pour les voitures des constructeurs ayant contribué à créer le réseau Ionity. Pour ces véhicules électriques, la recharge était inférieure à 40 centimes par kWh. Mais six mois plus tard, Ionity se voyait obligé de changer son modèle, et facturait à la minute. En cause, l’obligation dans l’Hexagone d’équiper les bornes d’un compteur d’énergie répondant à des normes strictes appelées ‘MID’. En juillet 2020, la recharge sur les bornes Ionity passait ainsi à 0,79 € la minute. Compte tenu des vitesses de recharge moyennes à ce moment-là, et des consommations des voitures, cela ramenait les 100 kilomètres à plus de 20 euros, soit un tarif inabordable face à l’essence et fortement critiqué à l’époque.
Près de deux ans après avoir adopté la facturation à la minute, Ionity est revenu à un modèle de facturation au kWh. Le consortium a profité de l’ouverture de sa 100e station de recharge française, en mai 2022, pour faire évoluer son modèle. L’objectif était de réduire la facture pour ses clients, et d’inciter encore plus à l’utilisation de ses bornes. Dans un contexte de montée des prix de l’énergie et d’une essence hors de prix, Ionity décide de faire payer de nouveau la consommation, et non le temps passé à utiliser ses bornes. Mais pour une facturation plus juste, le spécialiste de la recharge de voiture électrique propose désormais deux tarifs différents. La recharge sur les bornes affichant une puissance de 350 kW est passée à 0,69 € par kWh. Pour les véhicules à la puissance de charge plus modeste, l’utilisation des bornes de 50 kW passait à 0,39 euros le kWh. Cela faisait théoriquement une baisse du prix de la recharge d’environ 10 %, passant de 40 € à 36 euros pour remonter de 10 à 80 % pour une Hyundai Kona Electric.
En abandonnant la facturation à la minute pour une tarification au kWh, Ionity ne fait plus payer à ses clients l’entretien et l’exploitation de son réseau. Cependant, la rentabilité de ses bornes est suffisante pour que le consortium créé par BMW, Ford, Mercedes et Volkswagen ait de gros projets de développement en France et en Europe. En fin d’année dernière, Ionity comptait près de 400 stations sur le Vieux Continent, et affichait des objectifs ambitieux pour les trois années à venir. La firme veut en effet atteindre les 1 000 stations de recharge en 2025, soit 7 000 bornes, contre un peu plus de 1 500 à la fin 2021. Le consortium a, entre-temps, reçu le soutien d’autres entreprises. Les constructeurs Audi, Hyundai, Kia et Porsche ont investi 200 millions d’euros, tandis que le fonds d’investissement BlackRock a injecté un demi-milliard d’euros dans le réseau Ionity. L’objectif de ces levées de fonds est de développer le réseau sur les autoroutes, selon l’objectif ci-dessus, mais aussi hors du réseau le plus rapide. Ionity a confirmé dans un communiqué de presse sa volonté de placer des stations de recharge sur le réseau secondaire, c’est-à-dire les nationales, et aux abords des grandes villes. Les dépenses prévues doivent permettre à Ionity de développer ses stations existantes, en ajoutant des bornes pour développer l’infrastructure déjà existante. Enfin, le spécialiste de la recharge électrique prévoit de créer, à l’instar de certains constructeurs, des sortes de salons accueillant les automobilistes lors de la recharge de leur véhicule. Ces stations nommées « Oasis » comprendraient des bornes, un salon, mais aussi un espace végétalisé pour permettre aux conducteurs de se détendre lors des pauses afin de recharger leurs batteries en même temps que celles de leur voiture.