Il n’y a pas que sur autoroute que l’on retrouve des péages. Dans certaines grandes villes européennes, les péages urbains font désormais partie du quotidien des automobilistes. Définition, enjeux, avantages… voici tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet.
Présent à Londres, Milan, Dublin (et bientôt à Paris ?), le péage urbain a vu le jour sur un constat initial simple : la saturation des voies de circulation et l’augmentation de la pollution. Depuis plusieurs années, les grandes villes comme celles précitées sont en effet confrontées à une congestion automobile, et à une détérioration de la qualité de l’air causée par la concentration de véhicules polluants. Dans ce contexte, la mise en place d’un péage urbain vise à :
- Réduire la congestion automobile.
- Améliorer la qualité de l’air.
- Contribuer à la protection de l’environnement.
À noter qu’il existe également un objectif financier, les sommes récoltées par le péage urbain étant réinvesties dans les dépenses d’entretien de la voirie, la construction de nouvelles infrastructures, etc.
Chaque année, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) alerte les pays de la planète sur la pollution de l’air et ses conséquences sur le plan sanitaire. Au sein des grandes agglomérations, la population est ainsi exposée à d’importantes concentrations de polluants atmosphériques. La mise en place d’un péage urbain avec la possibilité d’interdire l’accès à certaines zones aux véhicules polluants (sur le même principe que les zones à faibles émissions) participe à améliorer la qualité de l’air. Sur le plan de la circulation, une étude relève qu’à Milan, le trafic routier a diminué de 15 % au cours de l’année suivant la mise en place du péage urbain.
Le péage urbain présente à la fois des avantages et des inconvénients. Côté avantages, comme évoqué ci-dessus, le dispositif permet aux grandes villes de décongestionner le trafic, de réduire la pollution atmosphérique, et de diminuer les nuisances sonores. Côté inconvénients, on pourra citer :
- la forte impopularité de la mesure auprès des automobilistes (voir ci-dessous) ;
- le renforcement des inégalités entre les conducteurs aisés, qui peuvent s’acquitter du péage, et les conducteurs plus modestes, pour lesquels le coût du péage constitue un frein aux déplacements ;
- le déplacement du trafic vers des axes de circulation "gratuits", et ses conséquences.
Sensiblement différent du péage sur autoroute, le péage urbain fonctionne la plupart du temps de façon dématérialisée. Dans cette hypothèse, il n’y a pas de barrières pour filtrer la circulation, mais des systèmes de caméras capables d’identifier les plaques d’immatriculation des véhicules, et de repérer les conducteurs en infraction.
Côté tarification, le prix du péage urbain peut varier selon les villes, les forfaits mis en place, les catégories de véhicule, etc. Des exemptions peuvent être décidées, par exemple pour les véhicules de secours, ou des réductions peuvent être accordées, par exemple, aux habitants d’une zone concernée par un péage urbain. Des abonnements, comparables aux offres de télépéage sur autoroute, sont parfois proposés pour profiter de multiples avantages. Par exemple, à Milan, les véhicules Euro 3 et Euro 4 bénéficient d’une exonération de péage urbain. Les véhicules immatriculés avant 2000 doivent, eux, s’acquitter d’un droit d’entrée de 2 à 10 euros par jour, ou opter pour un abonnement annuel.
Il n’existe, pour l’heure, aucun péage urbain en France. La mesure fait pourtant l’objet de débats réguliers, en particulier du côté de la capitale. Bien que la loi l’autorise depuis 2019, la mise en place d’un péage urbain dans l’Hexagone se heurte à l’acceptabilité de la mesure. Il est ainsi difficile de faire accepter aux automobilistes de devoir payer demain ce qui est gratuit aujourd’hui. À noter que la population française n’est pas la seule réfractaire au péage urbain. À Édimbourg, au Royaume-Uni, un référendum local a ainsi vu le "non" l’emporter sur une proposition visant à instaurer ce système.
S’il est encore difficile de l’imaginer en France, le péage urbain s’inscrit pourtant dans un vaste contexte de promotion de la mobilité durable. Aux quatre coins de la planète, les instances dirigeantes multiplient les initiatives pour réduire l’impact de la circulation automobile sur l’environnement, et déploient toute une série de mesures en faveur de modes de transports plus écologiques. Dans cette même démarche, les zones à faibles émissions s’implantent progressivement dans l’Hexagone, en restreignant l’accès aux seuls véhicules peu ou non polluants. D’autres mesures, comme le péage positif, font également partie des solutions proposées.
Le péage "classique" fonctionne sur le principe de la sanction. Un autre mode de péage se positionne à contre-courant de ce principe en récompensant les automobilistes qui font preuve de comportements vertueux. Concrètement, il s’agit de récompenser les automobilistes qui, dans une zone déterminée et sur une plage horaire encadrée, font le choix de renoncer à leur voiture en faveur d’un mode de transport plus écologique, ou reportent tout simplement leur déplacement. Née aux Pays-Bas, cette approche trouve un écho en France, où des expérimentations sont menées, notamment dans la métropole lilloise. Comme le péage urbain, le péage positif voit toutefois ses avantages contrebalancés par quelques inconvénients. Ce type de mesure crée ainsi une séparation entre les personnes qui ont la possibilité de percevoir une récompense (professionnels aux horaires de travail libres, salariés pouvant opter pour le télétravail, etc.) et ceux qui sont contraints de prendre leur véhicule aux mêmes horaires tous les jours de la semaine.
Solution parmi d’autres dans l’arsenal destiné à lutter contre la pollution automobile, le péage urbain est loin de faire l’unanimité. Reste que dans les pays européens qui l’ont adoptée, son efficacité tend à être démontrée. L’arbitrage s’opère alors entre les avantages procurés par le péage urbain et ses inconvénients.