Une voiture électrique dont on peut remplacer la batterie déchargée en quelques minutes, cela évoque les jouets pour enfants : télécommande, siège en plastique plutôt qu’en cuir noir, et lumières LED en guise de gyrophare ! Et pourtant, loin d’être un rêve d’enfant, c’est bien un projet que certains constructeurs cherchent à concrétiser pour la voiture électrique de demain.
Plus rapide que le plus rapide des superchargeurs : le remplacement de batterie automatisé. Des bras robotiques se chargent de déposer la batterie vide, puis de la remplacer par une pleine, le tout en moins de dix minutes. Une vision d’un lointain futur ? Plutôt d’un passé déjà assez ancien, en tout cas à l’échelle de la voiture électrique.
En 2008, depuis son siège de Palo Alto en Californie, la firme israélienne Better Place s’était rapprochée de Renault afin de mettre en place un ambitieux réseau de stations pour remplacer automatiquement les batteries de voiture électrique. Mais les conditions n’étaient pas réunies, et l’affaire s’était soldée par la faillite de Better Place quelques années plus tard. Tesla avait tenté le pari à son tour en 2013, avant de renoncer, et de rediriger ses investissements vers le superchargeur.
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Mais ces échecs successifs n’ont pas signé la fin du projet, et le principe a été repris en 2018 par le constructeur chinois Nio, dont le siège est à Shanghai. Ce dernier a mis sur pied un réseau de stations d’échange de batterie, équipées de plateformes robotisées qui permettent le remplacement de la batterie (uniquement sur les voitures du constructeur) en moins de trois minutes. Ce réseau compte à ce jour 700 points d’échange en Chine. Et Nio ne compte pas s’arrêter là, puisque la première station européenne vient d'ouvrir en Norvège.
Aux États-Unis, Ample, une start-up de Californie, a noué un partenariat avec Uber et une société de location de voitures électriques, pour tester un réseau de stations dans un but similaire. Sa solution se base sur des modules de batterie assemblés selon la puissance et la taille de la voiture à alimenter.
- Sa mise en place nécessiterait d’aplanir des différences parfois essentielles entre les modèles, en termes de refroidissement, d’intégration dans le châssis. Le risque serait, sinon, de voir se développer autant de stations que de constructeurs.
- On imagine mal ces derniers, qui ont déjà des difficultés à s’accorder sur un modèle de prise, se lancer dans une uniformisation d’une ampleur titanesque.
- Celle-ci demanderait d’ailleurs que la propriété intellectuelle sur les modèles de batteries soit totalement ouverte, ce qui ne risque pas d’arriver.
- Multiplier les batteries se heurte à leur prix de fabrication encore élevé, et à l’impact environnemental que représente cette production en masse, ainsi que leur déplacement jusqu’aux stations.
- La recherche a abouti à une accélération exponentielle de la vitesse de chargement. Après de tels progrès, changer de cap paraît pour le moins hasardeux.
Le développement rapide de la voiture électrique est amené à jouer un rôle moteur dans la réponse à la crise climatique. Devant l’urgence de la situation, le lecteur conviendra que le risque est grand à se laisser distraire par des projets pouvant ressembler à des impasses.